L’année 2021 nous évoque 2 faits marquants qui ont révélé l’absolue nécessité de rester humble devant la nature ; mais ils nous révèlent également les enjeux de demain qui sont autant de défis à relever pour une société plus juste et respectueuse de l’environnement.

1.

Covid dans les eaux usées

Analyser les eaux usées pour traquer le virus SPGE, intercommunales, e-biom, même combat

Juste avant le printemps 2020, la Belgique est touchée de plein fouet par la pandémie du coronavirus qui se propage, implacable. Face à cette crise, il faut protéger la population. A l’entame de mars, à la SPGE, des mesures sont décidées pour réduire toute possibilité de contamination pour les travailleurs en contact avec les eaux usées des stations d’épuration et des égouts.

Pour la SPGE, cette hypothèse n’est pas une nouveauté. A l’époque déjà, une réflexion est menée, notamment avec l’Office International de l’Eau, basé en France, pour échanger à propos des risques liés aux eaux usées.

Sur le terrain, les intercommunales se mobilisent, avec la SPGE. « Nous n’avions aucune idée quant à la possibilité d’une possible contagion via les eaux usées » résume Christian Didy, en charge de l’exploitation, de la recherche et du développement.

Un large tour d’horizon conduit à deux pas du siège namurois de l’institution…

Spin-off de l’Université de Namur, la société e-biom, fondée en 2019 par les scientifiques Jonathan Marescaux et Karine Van Doninck, travaille pour la préservation de la biodiversité, l’écologie et la protection de l’environnement. La jeune équipe de chercheurs (écologistes, biologistes moléculaires, bio-informaticiens…) dispose d’un laboratoire d’analyses et d’un bureau d’expertises scientifiques. e-biom travaille pour des services publics, des ONG, des associations, des entreprises et des particuliers. Entre le public et le privé, le courant passe.

Le champ d’investigation est infini…

Au Vie siècle avant JC, en Chine, Lao-Tseu,
dans le Tao-Tö King, a dit :

« La bonté suprême est comme l’eau qui favorise tout et ne rivalise avec rien »

Mandatée par la SPGE, e-biom se rend dans les stations, étudie le problème, élabore et propose un processus de détection du SARS-COV-2. Mise en œuvre dès avril 2020 dans les 16 stations d’épuration wallonnes, l’opération se poursuit toujours et en collaboration avec les OAA.

« Nous avons mis tout en œuvre sur le terrain pour prémunir le personnel concernant le matériel et les mesures sanitaires adéquats » souligne Marie Dubrunfaut, InBW. « Et poursuivre notre mission était essentiel. Les stations d’épuration devaient continuer à fonctionner malgré la pandémie. Les équipes de terrain ont été solidaires et ont maintenu la mission dans ce contexte difficile. » souligne Olivier Parent, Ipalle.

Deux fois par semaine, le mardi et le jeudi, des techniciens des intercommunales prélèvent des échantillons dans les 16 stations situées dans des zones à haute densité de population. Strict, un protocole vigilant est appliqué. D’emblée, l’analyse en laboratoire révèle la présence du virus. Mais les résultats sont rassurants. Très affaibli, le virus est sans incidence sur la santé du personnel…

Remplies en entrée des stations, les éprouvettes contenant les échantillons, maintenus à froid, sont déposées entre 9h30 et 10h à Namur, chez e-biom. La récolte du jour est aussitôt analysée, à neuf reprises. Selon une technique proche des tests PCR réalisés sur les personnes..

Les prélèvements détectent le virus 7 à 10 jours avant l’observation de la hausse des hospitalisations. Soit avant même les premiers symptômes des patients. L’information fait gagner du temps dans la course contre la montre des scientifiques, chargés d’éclairer les décideurs.

La lutte contre le coronavirus montre que « les eaux usées parlent du monde qui les produit ». D’où l’intérêt d’une surveillance à long terme.

Qu’en sera-t-il ?

Ces rejets en disent long sur la société. On y décèle des traces d’antibiotiques, de produits de consommation, parmi les détritus de tous les types.

En 2021 comme c’était déjà le cas en 2020, l’expérience menée avec e-biom prouve l’intérêt d’identifier l’ensemble des compétences existant en Wallonie. Des perspectives s’ouvrent : avec le secteur hospitalier, il serait possible, par exemple, d’anticiper une vague de gastro-entérites, au départ de l’examen des eaux usées. En Région wallonne, la SPGE s’implique dans le cluster H20 qui réfléchit à tout ce qui peut protéger l’eau, cette ressource inestimable de l’humanité.

Cette information résulte de la table ronde organisée à Namur, avec Christian Didy, responsable du service exploitation, recherche et développement, SPGE ; Rosalie Pype, SPGE ; Olivier Parent et Florent Noël, IPALLE ; Marie Dubrunfaut, InBW et Jonathan Marescaux, CEO d’e-biom.

2.

2021 : l’impact des inondations de juillet

Pluies du siècle

Trois jours durant, les 14, 15 et 16 juillet 2021, des pluies torrentielles s’abattent sur l’Europe de l’Ouest. Généré par les rivières qui débordent, un tsunami terrestre déferle sur le sud et l’est de la Belgique et fait 39 victimes. Le drame est humain et économique. Considérables, les dégâts touchent les gens, leurs habitations et les infrastructures. Liée au réchauffement climatique, cette crise génère une vague de solidarité.

Face à l’urgence

En Wallonie, face à l’urgence, la SPGE assure sa mission, ainsi que les multiples acteurs concernés. Sur le terrain, elle agit coude-à-coude avec les intercommunales et communes touchées. Dans la droite ligne de la directive européenne qui suscita sa création, en 1999. Objectif : traiter les eaux usées pour les restituer, limpides, à la nature. Défi majeur. Un projet de société que la plus grande catastrophe naturelle de l’histoire de la Belgique aura certes freiné, mais n’entrave pas. Au contraire. Des enseignements sont tirés de l’épreuve.

1.000 km d’égouts colmatés

Exemple d’appui concret, parmi d’autres, le rôle d’intermédiaire opéré par la SPGE entre les « cureurs » (les sociétés qui nettoient les égouts et avaloirs) et les villes. Il faut cibler les priorités, contacter les entreprises et les réorienter vers les communes confrontées à mille problèmes en même temps. Résultat : le budget du curage pour le cadastre général et pour les inondations a été multiplié par trois (de 5 à 15 millions d’euros). En corollaire, des priorités sont redéfinies.

Des amas de déchets charriés par les eaux déchaînées ont noyé et colmaté 1.000 km d’égouts. Une partie des eaux usées n’est plus traitée. D’où 1/20e du réseau wallon (il totalise environ 20.000 km) à curer en priorité.
Le reste suivra. Comme programmé.

Car la réalisation du cadastre du réseau, prévue au rythme de 1000 km par an pendant 20 ans, avait démarré. La technique de l’endoscopie permet un diagnostic indispensable avant de planifier les travaux d’entretien et de rénovation.

Opérationnelle depuis le début 2000, la SPGE a pendant une quinzaine d’années commencé par investir massivement dans la construction de stations d’épurations et de collecteurs. Mission partiellement achevée. Dans la foulée, depuis 5 ans, la réhabilitation du réseau souterrain vétuste ou dégradé est en cours. Au total, 4.5 milliards d’euros ont été investis dans l’ensemble des ouvrages du réseau.

Etat des lieux

Il ne faut pas s’y tromper : le processus de la gestion des eaux usées subira pendant plusieurs années encore l’impact des pluies torrentielles de l’été 2021. L’état des lieux n’est pas achevé. La tâche est chronophage et complexe. Après les grands chantiers de nettoyage, d’une ampleur inédite « il faut constituer les dossiers, faire le point sur les assurances, établir les cahiers des charges, chiffrer les coûts, les financer, mobiliser des entreprises » nous explique Olivier Bourlon, Inasep. « Et ce, dans un contexte économique perturbé par l’épidémie du coronavirus, avec des entreprises affaiblies » poursuit Dimitri Kleykens, SPGE. Et avant tout, évacuer les déchets, trouver des emplacements où les stocker, aura demandé beaucoup d’énergie. La tâche se poursuit. Des milliers de professionnels s’y consacrent. Beaucoup ont été personnellement touchés par les inondations. « Concernant l’AIDE, nous avons bien entendu été sur place, nettoyer et aider les citoyens mais nous étions nous-mêmes touchés, je parle au niveau professionnel, sur le réseau et en station, mais aussi au niveau personnel. Beaucoup d’employés ont été directement impactés par les inondations. » relate Frédéric Navez, AIDE. « Nous nous sommes soutenus dans ces moments difficiles. » détaille Benoit Piron, AIDE.

Et les efforts de reconstruction, sous toutes ses formes, devront perdurer. Ceux concernant l’égouttage ne sont pas des moindres. Philippe Delier, SPGE nous informe que « 21 000 Km de canalisations font l’objet d’une attention toute particulière par le biais de curage et d’endoscopie, d’investissements pour réhabilitation si nécessaire mais cela prendra du temps ».

Rappelons qu’aux communes incombe l’entretien du réseau d’égouttage. Pour le construire, elles reçoivent une aide de la SPGE et conformément aux demandes au PIC (plan d’investissement communal). Les zones sinistrées en juillet 2021 peuvent bénéficier d’une indemnisation jusqu’à hauteur de 100% en fonction de différents critères liés aux catégories des sinistres et sur certains travaux. (Démarche en faveur des communes &Démarche en faveur des citoyens)

Ouvrir des portes

Dès l’alerte, la SPGE joue son rôle de coordination. Pour soutenir l’effort des équipes des intercommunales et communes, il faut « ouvrir des portes » comme dit Jean-Luc Lejeune, directeur technique de la SPGE. Débloquer des fonds, mobiliser les expertises. Tant est à inspecter, vérifier, remettre en marche, réparer. Les stations d’épuration sont des outils complexes et sensibles, avec des tableaux électriques et des systèmes électroniques mais aussi des bactéries actives pour digérer les matières.
Tout s’enchaîne. Aussitôt, le comité de direction adapte la chaîne de décision. En Wallonie, plus de 180 ouvrages (59 stations d’épuration et 111 stations de pompage) sont à l’arrêt. Deux semaines plus tard, la majorité a redémarré. Dans la vallée de la Vesdre, la zone la plus touchée, plusieurs sont encore en travaux. L’amont de la Vesdre était épuré depuis 20 ans. Dans la rivière les poissons étaient revenus. La lutte pour l’environnement continue malgré ce coup dur.

Intercommunales et communes

Les intercommunales gèrent et font tourner les 453 stations d’épuration, les ouvrages de démergement et autres ouvrages qui drainent la Wallonie. De calibres très divers, ces outils vont des « cathédrales » des grandes villes aux petites installations rurales. Sept Organismes d’assainissement agréés (intercommunales) couvrent le territoire, découpé en 15 sous-bassins hydrographiques.

Fin 2021, les eaux usées de 88% de la population wallonne, récupérées dans le réseau d’égouttage, transitent via les collecteurs pour être épurées dans les stations puis restituées à la nature.

Un engagement universel

La crise des inondations rappelle que la SPGE œuvre localement dans une perspective européenne et mondiale. Avec les experts du GIEC, des intercommunales et universités, elle participe à la réflexion sur les moyens de résister et de s’adapter aux effets du réchauffement climatique. Elle prend des initiatives pour informer les citoyens des actes qu’ils sont à même de poser pour respecter la nature. Toutes et tous, nous jouons un rôle dans cet engagement universel. En se raccordant au réseau d’égouttage. Ou investissant dans une station d’épuration individuelle. En veillant à son entretien.

Prendre conscience

Tout commence par cette forme de vigilance qui consiste à ne rien jeter dans les ruisseaux et les égouts. Dans les stations d’épuration, aux eaux usées se mêlent des eaux de ruissellement qui surchargent le réseau. Et des déchets de toutes sortes. Pour que les stations d’épuration fonctionnent au maximum, les eaux usées doivent être diluées au minimum.

« Du robinet au ruisseau, tout est lié ». En matière d’eau, comme pour tout ce qui touche à notre environnement, l’effort est collectif. Associe public et privé. En 2021 comme de manière constante depuis sa création, la SPGE assure l’assainissement des eaux usées pour préserver la santé des habitants en protégeant les ressources en eau de toutes les formes de pollutions.

Ce gros plan sur l’impact des inondations et la SPGE a été réalisé grâce à la table ronde qui réunissait Jean-Luc Lejeune (directeur technique, SPGE), Philippe Delier (responsable égouttage, SPGE), Dimitri Keykens (directeur des investissements, SPGE), Benoit Piron (chef de département études, travaux, gestion des projets, AIDE), Frédéric Navez (exploitation, AIDE) et Olivier Bourlon (responsable de l’assainissement INASEP).

3.

Chiffres clés SPGE en 2021

CVD

(Coût-vérité distribution)

comprisent entre 1,670 €/m³ (Etalle)
et 3,130 €/m³ (Vresse-sur-semois)

CVA

(Coût-vérité assainissement)

2,365 €/m³
aucune augmentation en 2021

Stations d'épurations construites en 2021

Stations de pompage construites en 2021

Investissement collecteurs

22.5km

d’égouts et de collecteurs curés dans les zones sinistrées par les inondations de juillet 2021

Société publique de gestion de l'eau.

Siège social et administratif :
Rue des écoles, 17/19, 4800 Verviers

Contact

Cellule communication

Nathalie Florin, Responsable communication nathalie.florin@spge.be

081 / 29 31 20

info@spge.be